L'arrivée à Cuzco est épique! Nous nous engageons sur la place d'armes et cherchons un camping de routards non loin du centre. Manque de bol, nous nous retrouvons dans des ruelles dont les murs incas sont majestueux mais bien tortueuses et un peu étroites pour le gabarit du land! Nous sommes bloqués, ne pouvons pas faire demi tour et faisons marche arrière en pleine ville pour nous dégager! La honte! Nous croisons encore des gens réfugiés sous des bâches depuis les inondations à 500 mètres de la place d'armes, coeur historique et touristique de Cuzco...
Nous arrivons au célèbre camping « Quintala » encore bien trempé et boueux. Un autre couple français: Sébastien et Claire avec leurs trois enfants: Matteo (7 ans), Titouan (5ans) et Ismael (18 mois) y sont installés. Nous sympathisons rapidement et reconnaissons les duvets de la famille Réjou séchant sur les fils à linge. Nous sommes tous excités en les attendant et les filles ne manquent pas de coller des poissons d'avril aux duvets pour leur piquer les fesses! Quand ils arrivent le soir, nous sommes vraiment heureux de les prendre dans nos bras! Depuis, noël, ça fait un bail! La soirée est longue et l'on discute jusque tard en buvant des spécialités locales: vin chilien et bière péruvienne. Que c'est bon de retrouver les amis!
On resterait bien à ne rien faire au camping! Les enfants en profitent. Il y a toute une tribu: ils sont 7 de tous âges et profitent d'être ensemble pour faire des cabanes; courir derrière les poules (à l'insu du propriétaire); accompagner la bergère et ses alpagas; jouer aux échecs (les incas contre les conquistadores c'est plus rigolo!)... La vie est belle pour eux et on ne les entend pas. Si nous les écoutions, on ne bougerait pas du camping! Les adultes font à peu près la même chose mais avec une bière à la main! Mais Cuzco nous appelle! Cette ville est mythique et il serait dommage de ne pas en profiter!
Cuzco est inoubliable. Sa place d'armes avec ses innombrables maisons espagnoles à balcons en bois; sa cathédrale et son église baroques imposantes, forcent le respect et l'admiration. Mais Cuzco ne se limite pas à l'architecture coloniale espagnole. Les incas ont été les premiers à marquer leur présence pourtant brève (un siècle uniquement de règne!). La ville recueille encore de nombreux murs incas aux pierres anguleuses s'agençant parfaitement. Leur couleur grise est caractéristique et permet, outre leur façonnage, de les distinguer des autres. Nous ne sommes pas habitués à ces agencements anarchiques et ils surprennent. Ces murs sont massifs et paraissent immortels. Les nombreux tremblements de terre successifs auxquels ils ont résisté (au grand dam des espagnols dont les constructions s'écroulaient) nous le prouvent mille fois. Les espagnols n'ont pas pu (voulu?) raser les fondations incas et on les retrouve donc souvent sous les constructions espagnoles. Ce mélange des styles: colonial et incas donne ce caractère si étrange à Cuzco. On ne retrouve ce savant équilibre nulle part ailleurs. Ailleurs, les styles sont parfaitement différenciés mais néanmoins, pour les uns comme pour les autres, Cuzco a fait l'objet d'une attention toute particulière: coeur de l'empire et lieu de rencontre de toutes les routes incas; les espagnols ont poursuivi en faisant de cette ville le symbole et la vitrine de leur victoire sur les indiens.
Nous avons la chance d'être en ville le jour de la célébration de l'ascension. Il n'y a pas de doute, ce sont de fervents croyants. Presque autant qu'au Portugal dis donc! Les portés sur les épaules font l'objet de toute l'attention, aussi bien des porteurs que des spectateurs. Les croyants chantent et sont accompagnés par des fanfares. Les militaires veillent au grain et sont armés. Les religieux mêlés aux fanfares et aux bidasses... Etrange mélange...
Oui, Cuzco est une ville très touristique. Pas mal d'étrangers se baladent dans la ville. La police touristique n'est pas en reste. Elle est omniprésente sur la place d'armes. Beaucoup d'agences vendent des tours: les environs sont riches de sites admirables à visiter. Sans compter les magasins d'artisanat assez chics fleurissant dans le centre. Malgré tout, cette ville est si belle et si atypique que l'on s'y plait à déambuler entre les murs incas et les magasins, en passant devant les agences touristiques tout en levant la tête pour admirer les poutres en bois espagnoles sculptées.
Mais Cuzco ne serait sans doute pas aussi mythique sans le Machu Pichu à ses abords. Ace sujet, nous sommes assaillis d'informations contradictoires. Le site a réouvert depuis le 1er avril et le train pour y accéder est plein pour plusieurs jours. Les tarifs sont également prohibitifs: 130 dollars par personne! Nous éliminons d'office cette possibilité. Nous aimerions y accéder par la piste. De Cuzco, c'est le parcours du combattant mais des amis l'ont tenté en novembre et ont dépensé 130 euros pour une famille de 5 ce qui nous paraît beaucoup plus raisonnable. Le hic: la route est longue; les pistes ne sont pas sûres vu les dernières inondations. De plus, des questions subsistent: peut-on entrer sur le site sans payer le train? Peut-on payer l'entrée du Machu Pichu sur place? Personne ne donne de réponses claires et tout le monde entretient le flou pour privilégier le train et les visites organisées. Cette ambiance du « on profite du touriste jusqu'au bout » nous met mal à l'aise et les copains de la bande décident d'abandonner la visite. Quant à nous, le Machu Pichu nous a fait tant rêver avant le voyage... On a du mal à se décider...
Le camping « Quintala » est agréable mais un peu cher. L'avantage? Une cabane commune avec une salle de bain, une cuisine et une salle à manger ce qui nous permet d'être ensemble jusque tard le soir. Ce n'est pas dans nos camions respectifs que l'on peut squatter à 6 adultes et 7 gamins! Ce camping est un lieu sympa pour retrouver d'autres voyageurs mais nous n'y restons que deux nuits pour commencer la visite de la vallée sacrée. Elle abrite de nombreux vestiges incas. Les copains s'y sont déjà rendus et ne tarissent pas d'éloges sur la beauté et l'intérêt de cette vallée. Nous avons hâte de découvrir ces endroits mythiques. Et Lise est pleine d'espoir sur le Machu Pichu...
Avril 2010 : Cuzco |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||